jeudi 22 septembre 2016

Toi même tu sais

Il y a quelques mos je venais d'emménager dans mon studio à Paris, financièrement j'étais vraiment dans la merde (les 2 étaient probablement liés en fait) mais il fallait quand même que je meuble un minimum mon appart, ne serait-ce que pour me faire à manger.
Alors je suis allée dans un grand supermarché sur 2 étages, celui qui te donne envie de plus jamais mettre les pieds dans une épicerie Express, mais qui se trouve aussi à Porte de Quelque chose, alors au final t'y vas jamais. Bref, je suis allée dans le rayon vaisselle, et j'ai acheté genre 2 fourchettes, 2 assiettes, 2 couteaux, 1 poêle et une casserole, le tout 1er prix. Cette période d'austérité a duré 1 mois, où je suis passée au café robusta à 1,04€, à de vieilles boîtes de conserve qui me servaient de contenant à sucre, aux pots de confiture comme tasse à café... J'en ai pas racheté beaucoup depuis, même quand j'en ai eu les moyens (sauf quand je casse la vaisselle, donc assez souvent, raison de plus pour pas y mettre le prix).

C'était une espèce d'ascèse forcée, un retour à l'essentiel qui a été vachement bénéfique pour moi, à plein de niveaux.

Tout d'abord je me suis rendue compte que j'étais moi aussi une « victime de la société de consommation ». Ce qui me connaissent savent que je suis pas vraiment l'exemple type de la consommatrice. J'achète mes fringues aux puces à 1€ depuis que je suis en âge de m'habiller, j'achète tout sur LeBonCoin, mes billets de train sur Kelbillet, et je suis pas vraiment le genre de personne qui se fait plaisir  en craquant de temps en temps dans un magasin.

Mais quand t'es dans un magasin y a ce truc d'autopersuasion où quelque part tu sais déjà que c'est le mal qui parle, genre « Non mais c'est important d'acheter de la qualité » ou « Vas y t'en a surement besoin » « Autant que je l'achète maintenant parce que si c'est pour revenir demain... »... Mais en fait on ne revient jamais le lendemain. Si on se pose la simple question de « De quoi ai-je vraiment besoin ? », je pense qu'on dépose le panier parterre et on sort du magasin.

C'était assez émancipant cette prise de conscience, du poids de cette culpabilité sourde mais surtout du gain de liberté.
Je dis pas qu'il faut faire comme ça tout le temps, mais déjà tester sur une petite période, voir qu'on
PEUT , nous donne l'impression d'être plus maître de soi même, moins victime dans tout ça, ou du moins une victime moins dupe. C'était un peu comme sortir de la Matrice en fait ^^

Mais bon, je vais pas trop m'étendre sur le sujet parce que j'ai vraiment pas le bagage pour parler de ça, et je vois les sourcils de certains lecteurs se froncer et j'entends déjà le doute et le jugement s'immiscer.

Dans un contexte plus ordinaire, déjà si vous avez un problème avec la vaisselle qui s'accumule c'est un moyen assez radical d'y échapper. Et puis moi je me suis rendue compte que même quand j'avais plein de vaisselle, au final je prenais toujours la même fourchette quand elle était dispo, voire parfois je la lave pour la prendre. Parce que y a certains ustensiles qui vont bien, qui sont particulièrement agréables à l'utilisation, et pour lesquels on finit par avoir une sorte d'affection inavouable. Je crois que c'est surtout vrai pour les tasses. Y a qu'à voir ce que ça peut faire comme effet quand on en casse l'un de ces ustensiles préférés, ce chagrin disproportionné. Ce qui ne voient pas de quoi je parle doivent se dire
« Elle passe trop de temps seule cette fille ».

Un autre truc cool c'est que ça change le regard aussi. On supprime les étiquettes et les conventions, on désapprend, et on voit les objets pour ce qu'ils sont ou peuvent être. On rentre alors dans la philosophie du
« Pourquoi pas ? ». On les boîtes comme des contenants, interchangeables. Les pots deviennent des verres, les verres deviennent des cendriers, les TupperWares des boîtes de rangement, les assiettes des couvercles à casseroles, les Tshirts des torchons... et j'en passe. Alors oui c'est un peu délicat d'inviter ses amis à bouffer et de les faire boire dans des pots de confiture, mais les gens sont moins étroits d'esprit qu'on ne le pense, et si on leur dit « ça t'empêche pas de boire, si ? », ça fait son bonhomme de chemin et c'est peut être comme ça aussi une forme d'engagement.

C'était aussi un super choix de design pour moi. Déjà j'avais toujours trouvé ça touchant d'authenticité la vaisselle des étudiants. Quand t'es en soirée et que tu reconnais les verres de Nutella ou de moutarde, avec l'étiquette encore dessus. J'ai des copines qui collectionnent les verres des Feria du sud ouest, alors quand tu lis « Fêtes de Dax 2006 » sur ton verre et que ça te rappelles des souvenirs c'est quand même chouette.

En plus cette catégorisation tourne au ridicule, quand on sait que les gens nettoyaient tout au savon noir ou au vinaigre et qu'aujourd'hui t'as un nettoyant spécial pour tes plaques, pour ton four, pour ta douche, pour ta salle de bain, pour ta cuisine, pour tes vitres, pour tes toilettes...

Après je dis pas y a des trucs sur lesquelles je fais pas l'impasse, des petites révolutions qui en valent le prix. Genre les sacs poubelles à liens coulissants, ça fait plaisir quand tu peux remplir ta poubelle sans que ça déborde sur tes mains quand tu veux la descendre. Ou l'éponge qui se détériore pas dans tes mains après 1 semaine avec une odeur d'égouts.

Et Attention! je ne défends pas la radinerie ou le calcul. J'adore les gens qui ne se prenne pas la tête, qui vont pas passer 2h au magasin à prendre et à reposer des articles, à comparer le prix au kg et lire les ingrédients. C'est peut être eux qui ont tout compris, ceux qui n'accordent aucune importance à tout ça, mais moi j'y arrive pas alors je prend des chemins différents.

Il va de soi que tout ce que je raconte ne s'applique pas à une escale chez Gifi des idées de génie ou la Foir'Fouille, où il ne faut jamais, ô grand jamais, ce poser la question de savoir si vous en avez vraiment besoin. Si vous trouvez un stylo à franges qui fait de la lumière et du bruit quand on écrit, pour 2€ seulement, n'hésitez pas.

Bref, tout ça pour dire que cette situation de misère temporaire a été une faveur pour moi. Bon, je suis bien contente d'en être sortie quand même, mais du coup je conseille a tout le monde d'essayer, non pas pour faire des économies mais juste parce que ça fait du bien au moral.
Et si vous le savez déjà intellectuellement, je vous conseille quand même de l'expérimenter, parce que c'est le genre de truc qu'il faut vivre pour vraiment comprendre.

Bon, pour les images ci-dessous, cela illustre le détournement des objets, mais pas tant l'économie des objets dans la vie, puisqu'en général il s'agit de maisons même surdécorées. Soyez pas relous, personne n'aime ça :)



























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