jeudi 25 mai 2017

La solitude des nombres premiers



« La solitude est un luxe »
ce à quoi il me répondit
« Non. La solitude ça s’apprivoise »

Mais il me citait une femme devenue veuve à 40ans, et moi une fille parfois à la limite de l’anxiété sociale, moi-même. Oui parce que j’aime bien me citer, si possible en commençant par un « comme on le dit si bien… ».

En fait quand j'y repense on parlait pas vraiment de la même chose, puisqu’il y a être seul, et se sentir seul. En anglais ils sont malins ils ont 2 termes, aloneness et loneliness.
En français y a pas vraiment de mot pour ça. Tiens, inventons-en un. Par manque d’imagination je propose seulesse, puisque le mot "seulement " existe déjà ça va juste embrouiller tout le monde.

Bref, vous l’aurez compris, je voulais parler un peu du fait d’être seul. Je pense que j’avais parler d’un luxe parce que je pensais à tous ces gens qui sont n'ont pas le choix d'être seul. Comme parfois la différence entre la solitude et le fait d'être seul c'est une question de choix, peut être ça marche dans l'autre sens aussi . Prenons un mec qui se lève aux côtés de sa femme, part au boulot en transports en commun (j’avoue on se sent quand même assez seul dans les transports, mais c’est pas encore ça) retrouve des collègues de boulot, rentre retrouver sa famille, et se recouche auprès de sa femme. Les moments de seulesse (non décidément c’est bidon, mais solitude ça marche pas), donc, les moments où il se retrouve seul sont rares. Y a évidemment les moments qui requièrent une intimité totale avec soi même, les toilettes, la douche, la masturbation si nécessaire.

Bon après y a des degrès, y des gens en famille ou en coloc qui ont une chambre à eux, un espace pour se retrouver seuls. Pour avoir été en coloc, le comportement change je trouve. Dès que tu sors de ta chambre tu rentre dans cet espace commun et c’est plus pareil. Peut être en famille j’avoue quand on habitait tous ensemble c’était moins le cas. Je le sais parce que ça m’arrivais de migrer vers le salon (ma chambre de substitution), quand la mienne était vraiment trop en bordel que j’arrivais pas à y dormir parce que y avait trop de trucs dans mon lit. En réalité dans le salon je pouvais pas vraiment faire ce que je voulais, car même si ma mère ne m’a jamais obligée à ranger ma chambre, il fallait pas que ça en dépasse. Et parfois je me rappelle y a des trucs qui dépassaient de la porte et elle s’énervait un peu.
J’aimerais bien pouvoir retrouver cette photo, un jour que j'étais pas là, Morgane était venue à la maison voir ma sœur, et elles avaient décidé de ranger ma chambre. C’était tellement le chaos qu’elles avaient pris une photo avant/après, le genre de truc qui aurait fait son ptit buzz si les réseaux sociaux existaient à l’époque.

Mais habiter seul c’est quand même un autre délire.

Etre seul c'est aussi ne pas être regardé. C’est avoir cette liberté, presque flippante parfois, qui permet le pire comme le meilleur. C’est la liberté de danser tout seul, même que c'en est parfois dommage que personne ne vous voit dans ces moments là, de chanter, de se tromper, d’user de son espace et de son temps comme bon nous semble, avec l’impossibilité d’être jugé, puisque pas vus. C’est un peu comme être invisible en fait.
Et aussi le pire, (vous l’aurez compris que je suis assez bordélique. Je ferais probablement un article là dessus, une sorte d’Apologie du bordélisme. D'ailleurs pour info y a un livre qui existe déjà, et qui raconte qu'on est plus créatif, intelligent, peut être même beaux ^^ que les autres). 
Donc oui ça permet aussi de poser son assiette à côté de son lit, mais aussi de se coucher à 10h du matin pour se lever à 16h pendant 1 semaine (je ne recommande pas cela dit, comme ma mère le disait si bien « nous sommes des animaux de jour »). Donc oui cette seulesse peut être un danger.
Je me rappelle y a ce moment où un mec a sonné à ma porte, je savais qui c’était il passe toutes les 2 semaines sans prévenir pour me déposer un courrier, et ce jour là vraiment je ne voulais pas interagir, ne serait-ce que ces 2 minutes. Alors il a sonné à l’interphone, puis à la porte, et j’étais debout dans la cuisine et je ne bougeais pas jusqu'à ce qu'il glisse le courrier sous la porte et parte.
Je me suis dit c’était quand même chelou d’en arriver là.

Au final à un certain degrés ce plaisir d'être seul peut s'avérer gênant. Jme rappelle avoir dit à quelqu’un récemment que j’avais du mal à passer trop de temps dehors, que j’avais besoin de me retrouver chez moi. Ca c’est peut être juste le besoin de l’espace privé, des murs. D’ailleurs y a une réflexion dessus dans un très beau documentaire assez underground (dans tous les sens du terme puisqu’il s’agit de sans-abris qui vivent sous la terre où justement ils se sont fabriqués des abris pour pas être des sans-abris)
Ca s’appelle Dark Days et vous pouvez le trouver sur Youtube, et j’ai aussi mis les liens ci-dessous parce que je suis un ange.
Moi j’avais regardé la version commentée par le réalisateur, qui est un type vraiment cool, et à défaut d’être moins frappante, cette version explique pas mal de choses, notamment sur l’aventure du tournage qui est assez incroyable. Par contre j’ai trouvé qu’en anglais (dsl jpeux pas tout faire, jvous l’ai vendu mais à un moment donné va falloir y mettre du sien aussi et passer 3h à sonder l'internet)

Version commentée par le réalisateur :

Version originale : 
https://www.youtube.com/watch?v=cTNeG9m_3Uw


Donc je continue ma phrase 20 lignes plus bas, y a le besoin de se retrouver chez soi, c’est une chose, mais aussi le besoin de se retrouver seul. Moi j’en abuse alors faut que je me réhabilite un peu, mais je connais des gens qui fuient le fait de se retrouver seuls, et en réalité ça peut être flippant parce que ça t’oblige à réfléchir à des trucs (sauf si tu mates des séries ^^), et aussi à te retrouver face à ta solitude. Et là je parle bien « solitude ». Mais c'est peut être aussi pour se rapprocher de sa vérité, parce que comme on dit au final tout être humain est fondamentalement seul. (et bim ^^)

Bon alors comme c'est pas évident de trouver des images de solitude sur internet sans que ce soit des photos en noir et blanc de filles déprimées, heureusement y a ces peintures d'Edward Hopper.


















dimanche 27 novembre 2016

Pouvoirs illimités

Je me suis trompée de verre dans une soirée.

Un texto avec cette phrase vers 1h35 du matin suffirait à inquiéter tous ceux qui me connaissent. Pour les autres, je m'explique : après avoir été alcoolique pendant un certain temps (putain, je savais que c'est dur à dire, mais à écrire... Gravé sur le net ) , j'ai arrêté de boire il y a 1an environ.
Et voilà qu'à une semaine de fêter mes 1 an de sobriété, je me trompe de verre dans une soirée. Y avait pas que du coca dans celui là. Et bim ! Tu l'attendais pas celle-là  hein ?:)
Moi qui trouvait pas d'excuse valable pour me la coller, voilà que ça vient comme ça, comme un contrôle surprise en cours de maths. Un test.
Alors je me suis dis « Merde, là du coup je pourrais me la coller sévère ». Mais en fait non.
Ca parait débile et lâche, de replonger pour une étourderie, mais faut bien comprendre que pour un addict y a pas de demi mesures. C'est pas comme pour un régime genre « Oh une fois de temps en temps ».On peut comparer ça à la cigarette, on glisse facilement d'un verre à une bouteille dans la journée, après des années d'abstinence. Je l'ai vu chez un mec après 25ans d'abstinence. On rebois comme au dernier jour.

Pendant un an mon credo c'était « Quoi qu'il arrive, tu ne bois jamais ». C'était presque facile et c'est une méthode que je conseille à tous les gens qui essayent d'arrêter quelque chose. Il y a un monde entre jamais et pas. Cette différence c'est la possibilité. D'ailleurs je dis souvent cette phrase « ce n'est pas une option pour moi ».

Bon, ben hier il a fallu se confronter à la partie cachée de l'iceberg. 
Maintenant que j'ai bu, qu'est-ce qui fait que je ne bois pas ?
Il faut savoir que pour les alcooliques, comme pour les autres drogues, y a un truc un peu ritualisé. On a la date où on « pose le verre », notre anniversaire, et on compte les jours, chaque jour étant une petite victoire. Y a même des applis pour les abstinents, avec le décompte de ta sobriété, en minutes, heures, jours, mois, ans... Que tu mets à zéro quand t'as craqué. Jme demande si y a une petite phrase de consolation quand tu fais ça. Ou des petites notifications de félicitations ou d'encouragement.

Moi j'aimerais bien oublier que je suis abstinente, être juste comme une personne qui ne bois pas (si si, y en a) mais c'est pas possible pour l'instant. Je le sens en moi, tout le temps. Comme si j'avais une maladie, ou une jambe en moins. J'oublie jamais, et j'ai une épée de Damoclès au dessus de la tête. Même si cette menace s'estompe avec le temps, et en fonction des situations.

Donc je disais, c'est tout ou rien. C'est à tel point radical que le corps médical a du mal à instaurer l'idée du faux pas dans la tête des alcooliques abstinents. Parce que ça peut arriver, de se tromper de verre, de manger un mon chéri, que quelqu'un t'enfonces un entonnoir dans la bouche et vide une bouteille. C'est pas pour autant qu'il faut tout lâcher, tout gâcher.

Le faux pas c'est la situation qui te mets face au choix. C'est quand tu t'arrêtes sur le palier et que tu décides si tu vas y aller ou faire demi tour et rester chez toi.
Donc là j'étais sur ce palier, en plein milieu d'une soirée avec pas que des softs, et je me suis posée la question. Mais en fait ce sont de faux choix, quand tu rechutes c'est que t'as pas eu le choix.
Mais j'avoue c'était pas facile de perdre l'argument de la radicalité.

Donc, si mon abstinence ne tient pas au fait que je ne bois pas, à quoi tient-elle vraiment ? Parce que j'avoue j'étais vraiment dég' et je me suis posée la question. Mais je pouvais pas me faire ça. Parce que même si dans mon cas c'était limite vital, la sobriété m'a aussi apportée des trucs auxquels je m'attendais pas. Du coup je vais vous faire une petite rubrique
« Le saviez-vous ? »

Alors je pourrais vous dire
« C'est mauvais pour la santé » « ça détruit les neurones » « vous allez avoir une jolie peau » mais si vous êtes comme moi, vous vous en branlez un peu de tout ça, vous voulez juste vous sentir en vie et vous amuser.

J'imagine vous vous dites « moi ça me concerne pas, je suis pas alcoolique » certes, mais ça peut servir. Bien manger c'est pas bon que pour les gros.
Attention, moi j'incite personne à arrêter de boire. Chacun fait ce qu'il veut, c'est pas ma guerre. En plus j'ai rien contre l'alcool, je trouve ça plutôt marrant pour les gens qui ont pas de problèmes avec ça.
Mais beaucoup de gens ne savent pas qu'ils ont un problème avec ça. L'alcoolique c'est pas que le clodo dans la rue avec sa 86, ou le père de famille qui bat sa femme et ses enfants. Après j'avoue y a des degrés. Mais ma mère disait
« celui qui a besoin boire, ne serait-ce qu'une fois par an, est un alcoolique ».
Je comprenais pas ce qu'elle disais, je trouvais qu'elle exagérait. Mais en fait tout est dans le
« besoin ». Quand t'as pas le choix, c'est une privation de liberté, aussi infime qu'elle soit. Et autour de moi, je vois beaucoup de gens qui sont finalement obligés de se la coller, une, deux, trois fois par semaine. Ou boire un verre de vin à un dîner quand y en a sur la table. Mais c'est tellement banalisé qu'on s'en rend même pas compte. Alors posez-vous juste la question de savoir si vous avez vraiment le choix. C'est comme pour la drogue, c'est « l'appel », celui qui fait que quand quelqu'un te proposes un joint ou un rail de coke, tu peux pas refuser.
Moi quand j'ai entendu une pote répondre à un dîner
« Mmmh je sais pas si je veux un verre de vin, je vais peut être prendre le l'eau » comme si on lui proposait un dessert, je me suis dis que ça c'était un rapport sain à l'alcool.

Le truc que j'ai appris c'est qu'on est plus forts que ce que l'on croit. S'en rendre compte est assez kiffant. Je parle pas que de la force face à l'alcool. Vous allez vous rappeler que vous avez des pouvoirs innés.
Moi pendant ma cure, j'ai recommencé à rire. De gros fou rires avec les autres patients, mes acolytes alcooliques sobres, juste en racontant des conneries. On se l'est dit d'ailleurs « putain ça fait des années qu'on n'a plus ris comme ça ». On avait oublié.
Une fois qu'on a associé l'alcool à la fête, et à certains comportements, on oublie simplement qu'on peut faire sans, voire on oublie comment faire sans. Mais je vous assure, vous pouvez danser, draguer, cracher, gueuler, vous battre, pisser dans la rue, sans alcool. C'est pas pour rien qu'on appelle l'alcool du « courage liquide ». Mais testez votre courage à vous. Surprenez-vous, c'est un sentiment génial.

Quand je vais en soirée, et qu'au bout du troisième
« Ben alors ?On boit pas ce soir ? », « Allez, juste un verre » voire du « Oh t'es pas marrante !... et que je dis que je suis abstinente (j'avoue en vrai des fois je le dis sans qu'on me demande rien, juste par fierté ) la plupart des gens me trouvent courageuse. Pas tellement courageuse d'avoir arrêté, mais courageuse d'être là. En apero, en soirée, en club. Genre « ça doit pas être facile de supporter tout ça sobre».
J'avoue je comprends, moi aussi je me suis dis que j'irai plus jamais en soirée, que je pouvais mettre une croix sur certaines activités.
(putain on dirait que je parle d'un handicap, mais c'est un peu ça des fois). Mais moi je m'amuse très bien en soirée, j'y vais pas pour faire acte de présence ni pour prouver quelque chose.

Alors oui, pas tout le temps, mais mes bonnes soirées sont bien meilleures que quand j'étais arrachée, ça c'est sûr. Les mauvaises sont mauvaises, certes, mais j'ai pas peur de regarder mon téléphone le lendemain et j'ai pas besoin de faire l'autruche pendant une semaine. J'ai pas la gueule de bois, je fais des soirées de 12h sans rien prendre, et je sais que tout ce que je fais je me le dois, je déçois personne, et je fais de belles rencontres.
Et puis je m'amuse parce que tous les gens ne sont pas arrachés en soirées. Y a des gens qui boivent  raisonnablement, et tu peux te marrer avec eux. T'as pas que des relous qui te parlent de trop près, qui disent de la merde et te lâchent pas, et même eux ils me font rire maintenant.
La plupart sont plutôt sympas, voire tiennent étonnamment bien l'alcool. Mais ça on s'en rend pas compte quand on est arrachés parce qu'on voit pas vraiment ce qui se passe autour.

Beaucoup de gens ont du respect et me trouvent forte, un peu comme si eux-mêmes admettaient une faiblesse face à l'alcool. Bon moi clairement j'avais pas le choix, mais cette force que vous estimez vous l'avez. En fait souvent on croit qu'on en a besoin, un peu comme moi quand j'arrive pas à ouvrir les yeux tant que j'ai pas bu mon café du matin, alors que je sais très bien qu'il fait pas effet de façon instantanée. Et puis quand je dors chez quelqu'un et que y a pas de café, je finis bien par me réveiller.

Si l'alcool devient automatique, au final vous allez perdre confiance en vous. Vous n'allez plus savoir parler aux gens que vous ne connaissez pas, aller à un rencard sans boire, voire passer du bon temps sans alcool. Prenez des risques, faites les choses dont vous avez peur, sans aide et sans substitut, juste pour vous rendre compte que vous en êtes capables. Voire que vous pouvez apprendre à faire des choses. Et je dis pas ça que pour l'alcool.
Et si vous êtes comme moi et que vous aimez la sensation que ça vous procure, ce jemenfoutisme vulgaire, cette connerie, cette sérénité, sachez que vous l'avez en vous aussi. C'est pas aussi facile que de se mettre un coup de pied au cul, mais ça se travaille. Et surtout après vous pouvez l'être en toutes circonstances. 
Saoul sans alcool.

Alors je vous dis pas d'arrêter de boire pour de bon, mais si vous sentez que vous avez un problème avec ça, faites une soirée sans alcool. Juste pour authentifier votre liberté. Et pour ceux qui se la collent sévère, tentez au moins une soirée sans abus. Bon, commencez pas par aller en boîte de nuit, ou vous allez me haïr. Moi je le fais mais je suis barge au fond, et surtout j'ai pratiqué. Mais ça marche pas à tous les coups. Alors que si vous allez à une soirée entre potes, où y a des que vous connaissez, vous allez voir que la fête et la connerie c'est aussi dû à la nuit, à l'ambiance, aux fait que les autres sont désinhibés, et ça vous désinhibé, par procuration ou par mimétisme.
Et surtout n'abandonnez pas tout de suite, essayez vraiment. Moi le nombre de fois où j'ai failli partir au bout d'une heure et où je me suis forcée à rester, par persévérance ou curiosité, et où je suis rentrais à 6h du mat, après une pure soirée.

Alors j'imagine bien qu'il y en a qui vont invoquer « la connerie » genre, « je m'en branle, j'adore ça », l'autodestruction assumée, tout ça tout ça. Cet argument-là il est génial quand il est approprié et que c'est pas de la lâcheté ou de la bêtise. Et à l'invoquer à tort vous allez juste devenir un con, et pas dans le bon sens du terme.
Admettez un peu, y a pas de mal à dire qu'on y arrive pas, qu'on a des faiblesses, ça fait un bien fou de pas se mentir à soi-même et aux autres.

Sur ces belles paroles, voici une sélection de photos de la série "Strong is the new pretty" de Kate T.PARKER. Vous l'aurez compris j'ai un délire en ce moment avec la force, physique et mentale. Je pense sérieusement à me mettre au Krav Maga :)
























dimanche 20 novembre 2016

When your weak spot is your strenght

J'avais dis que je ne traiterai pas de grands sujets. Ces monuments-là méritent qu'on s'y attarde sérieusement, et j'ai pas ce qu'il faut :)
Mais je vais faire une petite exception. Par contre comme je vais en faire n'importe quoi, pas de soucis à ce niveau-là y a pas de changement.

De ma petite vision limitée, et de façon dispersée, je vais essayer de parler d'un thème qui me tient à cœur : la fidélité. Et puis faut vraiment que j'arrête de m'excuser d'exister. Désolée :/

Pour commencer, petit rappel sur la fidélité, parce que putain même moi j'en ai eu besoin. D'abord, comme tout un chacun, je suis allée chercher l'étymologie du mot « fidélité ». D'ailleurs je conseille à tout le monde d'aller regarder les étymologies des mots quand une idée vous intéresse. C'est pas forcément qu'on va toujours mieux comprendre le mot, ou son évolution (souvent intéressante par ailleurs) mais au pire ça va apporter un peu de poésie facile dans votre vie. Bon, fidélité n'avait pas trop d'intérêt à ce niveau là, mais si je prends au hasard le mot « article », voici ce que l'on trouve :

Du latin articulus ("articulation, jointure, os membre, noeud (d'un arbre), membre de phrase, mot, article, section, partie, chapitre, division (du temps), phase, moment critique ou décisif, circonstance").

Alors si vous êtes comme moi et que vous aimez vous triturer la nouille et chercher du sens là où y en a pas, l'idée des articles comme des articulations de membres est assez sympa je trouve.

Bon, mais si on prend la définition du mot fidélité, le premier sens est :
1. Attachement à ses devoirs, à ses affections, régularité à remplir ses engagements.
Vu comme ça, la fidélité n'est plus très loin de la fiabilité.
N'oublions pas qu'à l'époque (je ne sais pas de quelle époque je parle) un vassal faisait serment de fidélité à son suzerain.

Mais bon, même moi j'avais oublié l'ampleur de ce terme, et je comptais simplement écrire un article sur la fidélité comme "ne pas tromper son partenaire". Parce que j'écris sur des trucs qui m'arrivent dans la vie, et ma vie c'est pas vraiment être fidèle à mon prince, c'est plus de me demander pourquoi est-ce que je serais fidèle à un mec.
Et puis de nos jours on est tous obsédés par les histoires d'amour (pas forcément par l'amour tout court) ou de cul, les ex, les ambiguités... des fois je me dis que je vais faire une pause, sortir du circuit pendant quelques mois pour voir ce qui reste vraiment de moi.

Alors il faut se mettre d'accord sur les termes de cet article. Il manque un mot en français pour dire un truc qui est pas une histoire d'amour et qui est pas non plus une histoire à la con. A défaut d'en avoir un on va parler d'"amour" ici, mais plus comme un peu de l'idéal à atteindre, ces histoires qui "pourraient devenir des histoires d'amours" (et qui le deviennent rarement). Mais c'est bien d'avoir des objectifs dans la vie :)
D'ailleurs si quelqu'un a un terme qui serait entre baiser et faire l'amour je prends aussi, parce que coucher j'ai toujours trouvé ça un peu mou.

Donc, il y a 2 choses qui m'ont poussées à réfléchir sur la fidélité, les deux étant un peu liés par des liens de causalité. La première est cette banalisation des couples libres. Ce ne sont plus des cas isolés comme Jean Paul Sartre et Simone de Beauvoir qui signent un "pacte de poly-fidélité"c'est un peu qui veut
La deuxième est cette fascination que j'ai pour des mecs qui restent longtemps avec des meufs sans les tromper. J'avoue c'est un peu sexiste de dire que ça m'étonne moins quand c'est une meuf, mais c'est peut être parce que moi même j'ai pas de mal à être fidèle, et aussi probablement parce que j'ai des clichés de merde. Mais on peut admettre que les gens disent que quand une meuf trompe son mec il a du soucis à se faire, et que le contraire n'est pas forcément vrai. Moi je pose mon droit de non-avis sur la question.

Donc oui j'ai une admiration disproportionné voire illégitime pour la fidélité conjugale. Surtout quand elle ne va pas de soi. Désolée de retaper dans les clichés,
(mais peut être les clichés ont leur part de vérité sans quoi ils n'existeraient pas, il faut juste ne pas les prendre pour des vérités absolues) mais y a des mecs dont la fidélité m'impressionne moins, parce que j'ai l'impression que c'est pas vraiment un choix, un peu comme si la question ne se posait pas vraiment pour eux.
Et puis y a les beaux salauds. (ok, encore petite parenthèse, récemment j'ai buggé sur la différence d'orthographe en « salaud » et « salope », sachant qu'on peut écrire « salop » et qu'on parle bien de salopard. Je crois qu'il y a une évolution sémiologique là dessous) Donc je disais, récemment j'ai rencontré plusieurs mecs, des boules de testostérone, à la limite de sex addicts, qui m'apprennent qu'ils sont restés 5, 6, 8 ans avec une meuf. Alors je pose la question qui pour moi change tout (je sais, je suis un peu bornée sur ça), et ils me disent avoir été fidèles.

Je trouve ça beau parce que c'est dur de nos jours. C'est beau parce que c'est rare parce que c'est dur.

J'ai l'impression qu'aujourd'hui la fidélité n'est plus vraiment une qualité, c'est même plutôt une faiblesse. C'est pour ceux qui ne sont pas libres, pour ceux qui ne savent pas faire la différence entre l'amour et le sexe, pour ceux qui n'ont pas compris que l'on peut choisir sans renoncer.
Moi j'aimerais bien qu'on arrête de parler de liberté, et que l'on admette que la fidélité peut aussi être un choix. Et que c'est une force.
Bref, avec le succès des appli de rencontre, des « polyamours », des relations libres , ou des relations légères , à coup de « c'est pas du sérieux » « je vois untel», et tous ces termes un peu vagues qui illustrent bien je trouve le côté un peu aquatique de tout ça. Toujours en mouvement. Sans contours et sans limites. On nage et on attrape des poissons, et j'avoue ça peut être assez plaisant.

Alors attention je dis pas que c'est nouveau. On croit souvent à tort qu'on invente de nouveau trucs, et je me surprends souvent à imaginer des mecs du passé qui nous regardent faire et rigolent bien, un peu vexés par notre déni de l'héritage. Mais y a quelque chose de nouveau, peut être dans le fait que ça soit aussi banalisé.
Et aussi attention aucun jugement de valeur de ma part, j'essaye juste de décortiquer le sujet, un peu comme un chirurgien maladroit, qui va probablement se mettre une famille à dos.

J'ai un ami récemment qui me parlait de son rapport aux relations, et je trouve que ça illustre un peu le propos : il veut être en couple, mais en même temps il est accro aux histoires d'amour, selon ses termes « il aime l'amour », et donc il peut pas s'empêcher de tomber amoureux de filles qu'il voit passer dans la rue, de consommer voire consumer cet amour et d'en chercher un autre. Alors il cherche une façon d'allier ses deux envies. Et je crois pas que ce soit juste une logique de beurre et d'argent du beurre.

Alors y a un argument qui revient souvent, qui est « il ne devrait pas y avoir de contraintes à l'amour" ou "c'est une illusion parce que de toute façon ce sera toujours un risque » et (là je prends un petit risque que j'assume pas du tout) Jesus affirme même que "quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son soeur, l'adultère avec elle" (Evangile selon Matthieu, 5, 28). Mais bon, Jésus il est très très fort et il a des qualités qu'on n'a pas tous, alors on va rester dans le commun des mortels.
C'est vrai que même avec l'étiquette de « couple », ce contrat tacite, voire le mariage, rien n'assure réellement la fidélité de l'autre. Mais alors à quoi bon ?

Pour moi c'est une façon de se mettre des oeillères mais simplement pour mieux regarder la personne que l'on a en face de soi. Pour se concentrer sur quelqu'un, parce que bon les âmes sœurs moi j'en doute un peu, et même si y en avait une pour moi, quelle sont les chances que je la trouve dans cette vie. Alors dans le doute je préfère donner sa chance à quelqu'un qui a du potentiel. Parce que peut être qu'on peut apprendre à aimer.

Se poser un moment et « faire avec ce qu'on a » c'est parfois une façon d'apprendre à l'aimer, ou simplement d'essayer. Je vais faire une comparaison tout à fait ridicule, mais ça me rappelle un peu ma relation à mon studio. Je m'explique, j'avais un dossier de location de merde, le genre de dossier qui rend les agents immobiliers désolés, qui te fait faire 25 visites en 2 mois, qui justifie la sous location. Et puis un jour de grâce, un proprio a eu pitié ou confiance en moi et m'a donné ma chance. Alors mon studio est pas le studio dont je rêvais, mais n'ayant absolument aucun autre choix j'ai appris à l'aimer. J'ai appris à aimer ses imperfections, à me poser dedans et pas à douter constamment ou à regarder d'autres annonces au cas où je trouverais mieux.

J'aurais pu prendre un autre exemple tout aussi inapproprié qui serait celui de ces mariages arrangés qui finissent en amour. Mais je pousse la contrainte un peu loin là :/

Alors se « mettre en couple » ou se marier c'est un peu une assurance. Parce que sinon bonjour la pression. Si l'autre a des opportunités constantes et des tentations partout, toi t'es seul contre le monde entier et puis t'as intérêt à tenir le rythme et à être au top en permanence.
Parfois je me suis surprise à avoir envie de dire à quelqu'un
« accorde moi 2 mois que de moi pour voir où ça peut mener ». Une espèce de parenthèse de fidélité pour que je puisse souffler un peu.
Et puis l'amour c'est fragile, ça vient ça part, et parfois pour se désamourer il faut aller voir ailleurs, alors pourquoi le contraire ne serait-il pas vrai ?

En plus du respect de l'autre, qui est pas toujours un moteur évident, on peut le faire pour soi. Tout simplement par défi, parce que c'est fort. Ou par beauté, parce que c'est beau.

Je vais finir sur ce petit extrait d'un livre de Patrick Sebastien (et oui) sur le libertinage : "[...] Et puis que la société s'amuse avec l'adultère, qui est une vraie trahison, et condamne l'échangisme, qui est un partage, il y a là une morale, une hypocrisie, qui me dérange."

Pour ce qui est des images, ce sont de vieilles photos d'architectures, quelque chose à voir avec le monument, au passé, et au fait de construire.

















mercredi 12 octobre 2016

It's my party and I cry if I want to


Depuis que j'ai réaménagé à Paris j'ai eu une espèce d'ascension sociale de la Fête, non pas que je sois devenue une VIP, qu'on s'entende bien. D'ailleurs j'ai jamais compris ce terme, VIP : Very Important Person. Surtout qu'il est utilisé dans le milieu des soirée où, désolée de le dire, mais y a pas beaucoup de gens importants, pas dans le sens où je le conçois en tout cas. VRP peut être, Very Representative Person, avec des gens qui se représentent eux-même, ils représentent un style vestimentaire, un mode de vie, et se présente à travers leurs activités artistiques.
Mais je fais ça moi aussi, à un moment de la soirée je finis bien par être obligée de dire que je fais du Design, et un peu de graphisme, stylisme, maquillage, scéno, photo... parce que je ne trouve pas pertinent de séparer les disciplines du design (mais ça j'essaye de pas me lancer sur le sujet sinon je monte sur la table et la soirée est gâchée).
Mais quand les gens répondent "Waouw, tu fais du design, c'est super!!" . Ben non t'as pas vu ce que je fais, en vrai c'est peut-être pourri et je me plante totalement de carrière, et toi t'alimentes ce mensonge. Thanks for ruining my life :)
Des fois j'aimerais dire « je suis caissière à Franprix », point barre, sans amours et sans passion.
D'ailleurs ça risque d'arriver, et pouvoir le dire me réjoui d'avance.
Récemment j'écoutais une émission à la radio sur Brassens, et le mec au début il disait qu'il ne faisait rien dans la vie. Ca déconcertait tout le monde, ce rien.

Bref, donc non pas ce genre d'ascension, mais plus une évolution
en marge, des fêtes autres, des fêtes alternatives. (Ce mot est vraiment devenu bâtard). Je vais pas commencer à vous expliquer le pourquoi du comment de la différence, mais tout est très joliment expliqué dans ce petit documentaire de 30 minutes que je vous conseille vivement de regarder. C'est moins long qu'un épisode de Game Of Thrones, et ça se passe ici et maintenant.

http://fr.traxmag.com/video/33320-regardez-le-renouveau-le-nouveau-docu-sur-les-fetes-alternatives-a-paris

Donc autant vous dire que mes fêtes ne sont plus « 1h devant la glace pour savoir ce que je vais mettre sans me travestir mais en étant sûre de rentrer dans le club » mais c'est plus « 1h à préparer le costume qui me va bien ». Ce n'est plus « 15€ pour un after de 3h et je me ruine en consos », mais « 15€ pour 12h de soirée non stop avec des consos abordables». Ce n'est plus « le scanner des gens : le jeu du mépris ou de la séduction ? » mais « une ambiance de Fête, dans le sens candide du terme ». Y a de la joie, bonjour bonjour les hirondelles.

Bref, mais malgré tout ça, comme je suis une éternelle insatisfaite, il m'arrive encore ce truc de temps en temps, cette
douche tiède qui me met face au non sens de la situation, et par extension de ma vie. (Vous relirez cette phrase hybride à la fin de l'article si vous voulez la comprendre).Je me retrouve là, pas du tout dans l'ambiance, à regarder les autres comme à travers une vitre, et j'y crois pas. Je les vois rire et je sais que c'est pas drôle, que tout ça c'est faux, qu'ils sont comme moi, perdus pour eux-mêmes. Et cette question inévitable « Qu'est ce que je fous là ? », voire « Qu'est-ce que je fous ENCORE là », il faut que je rentre chez moi, il faut que je fasse un truc qui a du sens, tous ces gens je ne les connais pas, je ne les aime pas, tout ça c'est du divertissement (au sens pascalien, #biguphypokhâgne). Tu te crois au dessus et en dessous de tout le monde, à part.

Mais je persévère, par courage ou par lâcheté, et souvent il se passe ce truc qui change tout. Tu fais une rencontre, y a une mayonnaise qui prend, le truc s'enclenche et c'est parti, et là tu sais que ça ne va pas s'arrêter jusqu'à ce que tu rentres au petit matin. Tout d'un coup t'es hyper ouvert à tout, t'improvise, t'es à l'aise dans cette foule anonyme.
(pour les sceptiques je tiens à préciser que je ne bois pas d'alcool et je ne prends pas de drogues)

Bon et puis des fois ça marche pas, t'as pas la force d'essayer et tu rentres chez toi, avec ce sentiment terrible d'avoir perdu ton temps. 
Mais il n'y a pas de mal à rester un samedi soir chez soi à refaire la déco de son appart, à mater les fils qu'on s'était dis qu'on regarderait, c'est pas pour ça qu'on a raté sa semaine. Je sais vous vous dites que personne ne pense ça, mais c'est un sentiment sourd, un truc qu'on croit sans y croire.
Mais on y retourne toujours à la
Fête, parce qu'on est comme ces brocanteurs qui rachètent des garages pour trouver des perles rares : on y croit.

Un mec qui organise des festivals m'a dit en soirée que la différence c'est qu'il faut pas faire la fête pour échapper à sa vie, il faut la faire pour l'améliorer. C'est des moments qui existent, c'est un truc qui se créé, c'est pas des lieux de débauche pour oublier sa vie. La Fête de compense rien, et oui elle ne sert à rien, elle existe pour elle-même.
Les organisateurs du collectif pour lequel j'ai été bénévole, ils y passent des semaines, des mois, à construire des infrastructures, de la déco, à instaurer une ambiance, à faire des brainstorming et des débriefs, à toujours essayer d'
aller plus loin. Les mecs ils se font pas du fric là dessus, la plupart ont des jobs à côté, y a 50 bénévoles sur une soirée, tout ça pour l 'Amour de la Fête.Et les participants participent à la magie Fête, ce ne sont pas des spectateurs ou des consommateurs de musique. En somme c'est un peu comme quand t'invite tes potes à une soirée, tu vas pas dire que la soirée était ouf parce que t'as mis du bon son et que t'as acheté du banga, c'est ce qui s'y passe qui la rend inoubliable.

Bon, et pour finir je vais parler du thème des images choisies. Ce sont des photos des évènements qu'organise le collectif pour lequel j'ai bénévolé. Alors il y a plein de photos géniales et suprenantes, de situations improbables, mais j'ai décidé de me centrer sur les costumes, par amour pour la mode. C'est un moment où la mode est démocratisé, où tout le monde s'improvise costumier sans complexes, et qui selon moi stimule la créativité de chacun. 























jeudi 22 septembre 2016

Toi même tu sais

Il y a quelques mos je venais d'emménager dans mon studio à Paris, financièrement j'étais vraiment dans la merde (les 2 étaient probablement liés en fait) mais il fallait quand même que je meuble un minimum mon appart, ne serait-ce que pour me faire à manger.
Alors je suis allée dans un grand supermarché sur 2 étages, celui qui te donne envie de plus jamais mettre les pieds dans une épicerie Express, mais qui se trouve aussi à Porte de Quelque chose, alors au final t'y vas jamais. Bref, je suis allée dans le rayon vaisselle, et j'ai acheté genre 2 fourchettes, 2 assiettes, 2 couteaux, 1 poêle et une casserole, le tout 1er prix. Cette période d'austérité a duré 1 mois, où je suis passée au café robusta à 1,04€, à de vieilles boîtes de conserve qui me servaient de contenant à sucre, aux pots de confiture comme tasse à café... J'en ai pas racheté beaucoup depuis, même quand j'en ai eu les moyens (sauf quand je casse la vaisselle, donc assez souvent, raison de plus pour pas y mettre le prix).

C'était une espèce d'ascèse forcée, un retour à l'essentiel qui a été vachement bénéfique pour moi, à plein de niveaux.

Tout d'abord je me suis rendue compte que j'étais moi aussi une « victime de la société de consommation ». Ce qui me connaissent savent que je suis pas vraiment l'exemple type de la consommatrice. J'achète mes fringues aux puces à 1€ depuis que je suis en âge de m'habiller, j'achète tout sur LeBonCoin, mes billets de train sur Kelbillet, et je suis pas vraiment le genre de personne qui se fait plaisir  en craquant de temps en temps dans un magasin.

Mais quand t'es dans un magasin y a ce truc d'autopersuasion où quelque part tu sais déjà que c'est le mal qui parle, genre « Non mais c'est important d'acheter de la qualité » ou « Vas y t'en a surement besoin » « Autant que je l'achète maintenant parce que si c'est pour revenir demain... »... Mais en fait on ne revient jamais le lendemain. Si on se pose la simple question de « De quoi ai-je vraiment besoin ? », je pense qu'on dépose le panier parterre et on sort du magasin.

C'était assez émancipant cette prise de conscience, du poids de cette culpabilité sourde mais surtout du gain de liberté.
Je dis pas qu'il faut faire comme ça tout le temps, mais déjà tester sur une petite période, voir qu'on
PEUT , nous donne l'impression d'être plus maître de soi même, moins victime dans tout ça, ou du moins une victime moins dupe. C'était un peu comme sortir de la Matrice en fait ^^

Mais bon, je vais pas trop m'étendre sur le sujet parce que j'ai vraiment pas le bagage pour parler de ça, et je vois les sourcils de certains lecteurs se froncer et j'entends déjà le doute et le jugement s'immiscer.

Dans un contexte plus ordinaire, déjà si vous avez un problème avec la vaisselle qui s'accumule c'est un moyen assez radical d'y échapper. Et puis moi je me suis rendue compte que même quand j'avais plein de vaisselle, au final je prenais toujours la même fourchette quand elle était dispo, voire parfois je la lave pour la prendre. Parce que y a certains ustensiles qui vont bien, qui sont particulièrement agréables à l'utilisation, et pour lesquels on finit par avoir une sorte d'affection inavouable. Je crois que c'est surtout vrai pour les tasses. Y a qu'à voir ce que ça peut faire comme effet quand on en casse l'un de ces ustensiles préférés, ce chagrin disproportionné. Ce qui ne voient pas de quoi je parle doivent se dire
« Elle passe trop de temps seule cette fille ».

Un autre truc cool c'est que ça change le regard aussi. On supprime les étiquettes et les conventions, on désapprend, et on voit les objets pour ce qu'ils sont ou peuvent être. On rentre alors dans la philosophie du
« Pourquoi pas ? ». On les boîtes comme des contenants, interchangeables. Les pots deviennent des verres, les verres deviennent des cendriers, les TupperWares des boîtes de rangement, les assiettes des couvercles à casseroles, les Tshirts des torchons... et j'en passe. Alors oui c'est un peu délicat d'inviter ses amis à bouffer et de les faire boire dans des pots de confiture, mais les gens sont moins étroits d'esprit qu'on ne le pense, et si on leur dit « ça t'empêche pas de boire, si ? », ça fait son bonhomme de chemin et c'est peut être comme ça aussi une forme d'engagement.

C'était aussi un super choix de design pour moi. Déjà j'avais toujours trouvé ça touchant d'authenticité la vaisselle des étudiants. Quand t'es en soirée et que tu reconnais les verres de Nutella ou de moutarde, avec l'étiquette encore dessus. J'ai des copines qui collectionnent les verres des Feria du sud ouest, alors quand tu lis « Fêtes de Dax 2006 » sur ton verre et que ça te rappelles des souvenirs c'est quand même chouette.

En plus cette catégorisation tourne au ridicule, quand on sait que les gens nettoyaient tout au savon noir ou au vinaigre et qu'aujourd'hui t'as un nettoyant spécial pour tes plaques, pour ton four, pour ta douche, pour ta salle de bain, pour ta cuisine, pour tes vitres, pour tes toilettes...

Après je dis pas y a des trucs sur lesquelles je fais pas l'impasse, des petites révolutions qui en valent le prix. Genre les sacs poubelles à liens coulissants, ça fait plaisir quand tu peux remplir ta poubelle sans que ça déborde sur tes mains quand tu veux la descendre. Ou l'éponge qui se détériore pas dans tes mains après 1 semaine avec une odeur d'égouts.

Et Attention! je ne défends pas la radinerie ou le calcul. J'adore les gens qui ne se prenne pas la tête, qui vont pas passer 2h au magasin à prendre et à reposer des articles, à comparer le prix au kg et lire les ingrédients. C'est peut être eux qui ont tout compris, ceux qui n'accordent aucune importance à tout ça, mais moi j'y arrive pas alors je prend des chemins différents.

Il va de soi que tout ce que je raconte ne s'applique pas à une escale chez Gifi des idées de génie ou la Foir'Fouille, où il ne faut jamais, ô grand jamais, ce poser la question de savoir si vous en avez vraiment besoin. Si vous trouvez un stylo à franges qui fait de la lumière et du bruit quand on écrit, pour 2€ seulement, n'hésitez pas.

Bref, tout ça pour dire que cette situation de misère temporaire a été une faveur pour moi. Bon, je suis bien contente d'en être sortie quand même, mais du coup je conseille a tout le monde d'essayer, non pas pour faire des économies mais juste parce que ça fait du bien au moral.
Et si vous le savez déjà intellectuellement, je vous conseille quand même de l'expérimenter, parce que c'est le genre de truc qu'il faut vivre pour vraiment comprendre.

Bon, pour les images ci-dessous, cela illustre le détournement des objets, mais pas tant l'économie des objets dans la vie, puisqu'en général il s'agit de maisons même surdécorées. Soyez pas relous, personne n'aime ça :)